Diarrhée chez le chaton

Lorsqu’un chat souffre d’une maladie intestinale, le symptôme le plus fréquent est la diarrhée. D’autres signes peuvent aussi être présents tels qu’une perte ou une baisse d’appétit, une perte de poids, des vomissements ainsi que de la douleur abdominale. Chez les chatons, la diarrhée est le plus souvent causée par des infections ou des problèmes d’alimentation. Chez les adultes, on doit aussi considérer les allergies et intolérances alimentaires, les maladies intestinales inflammatoires, certaines tumeurs intestinales ainsi que des maladies plus générales qui affectent l’organisme en entier.


Les causes

Afin de cerner la cause exacte de la diarrhée, une investigation est de mise. Tout d’abord, il faudra effectuer un examen physique approfondi de l’animal ainsi que rassembler des informations concernant son historique médicale. Par la suite, nous tenterons de déterminer quelle portion de l’intestin est atteinte : le petit intestin ou le colon. La distinction est importante à faire puisque certains pathogènes affectent une portion plutôt qu’une autre. Ceci peut donc nous aider à limiter la liste des différentes causes possibles.

Lorsque la diarrhée affecte l’intestin grêle, on observe surtout que l’animal défèque sans forcer, 1 à 2 fois par jour, de grands volumes de selles qui ne contiennent pas de mucus ni de sang frais. Par contre, il peut y avoir du sang digéré qui apparaît alors noir. Lorsque le problème se situe au niveau du colon par contre, l’animal va déféquer plusieurs fois par jour de petites quantités de selles pouvant contenir du mucus et du sang frais rouge. Il aura souvent de la difficulté à passer ses selles et ressentira un besoin urgent de déféquer.


Les tests

Par la suite, des tests plus spécifiques pourront être effectués en commençant par des analyses de selles afin de détecter la présence de parasites intestinaux. Les techniques de flottaison sont utiles pour visualiser les œufs de vers ronds (ressemblent à des spaghettis) et de parasites unicellulaires tels que les coccidies et Giardia. Afin de maximiser les chances de voir ces œufs, l’examen devrait être fait sur des selles fraîches ayant été produites moins d’une heure auparavant. Les œufs peuvent être préservés jusqu’à 72 heures si l’échantillon est réfrigéré. Même si l’examen ne révèle pas la présence d’œufs, il est tout de même indiqué de vermifuger l’animal à l’aide d’un produit à large spectre étant donné que la ponte d’œufs par les parasites n’est pas constante d’une fois à l’autre.

Un autre test qui peut faciliter la détection de Giardia et d’un autre parasite unicellulaire appelé Tri trichomonas fœtus est le frottis direct. Il s’agit de prélever une infime quantité de selles à la surface d’un échantillon fraîchement produit et de l’observer au microscope après l’avoir dilué dans une solution physiologique. Il arrive parfois qu’on puisse voir les parasites en mouvement.

Lors de diarrhée affectant le colon, on peut aussi procéder à une cytologie rectale. Après avoir mouillé le bout d’un coton-tige, on l’insère dans le rectum du chat et on le frotte délicatement contre la paroi. Par la suite, on étend l’échantillon sur une lame de microscope, on le colorie puis on l’examine. On recherchera alors des éléments fongiques (champignons), des cellules inflammatoires et tumorales ainsi que des bactéries telles que Clostridium et Campylobacter. En présence de ces bactéries, il faut toutefois interpréter le résultat prudemment parce que leur signification clinique n’a pas été démontrée clairement. De plus, plusieurs Campylobacter que l’on retrouve chez les chats sont innoffensifs.


Des tests additionnels peuvent être nécessaires pour tenter d’élucider la cause de la diarrhée. On peut faire des analyses sanguines afin de détecter la présence des virus de la leucémie et du sida félin ainsi qu’obtenir un bilan sanguin et urinaire complet lors de diarrhée chronique. Lorsque l’animal est plus âgé, on peut aussi évaluer sa fonction thyroïdienne. Si la cause n’a toujours pas été mise en évidence, des tests plus poussés seront requis pour déterminer s’il y a présence de pancréatite (inflammation du pancréas), d’insuffisance pancréatique ou de problèmes de maldigestion et de malabsorption. On voudra peut-être aussi utiliser l’imagerie médicale telle que la radiographie et l’échographie. Lorsque ces tests sont non-concluants ou pour préciser une possible anomalie observée, il peut même s’avérer nécessaire d’aller en chirurgie afin de visualiser directement tout l’abdomen et obtenir des biopsies des différentes portions de l’intestin.

Les traitements

Mis à part les causes spécifiques de diarrhée qui requièrent un traitement particulier, dans la plupart des cas de diarrhée simple où l’animal se porte bien de façon générale, c’est-à-dire qu’il est alerte, qu’il a un bon appétit et qu’il ne vomit pas, on se contentera de le traiter de façon conservatrice en lui offrant une diète facilement digestible contenant un haut taux de protéines, un taux modéré de gras et un faible taux d’hydrates de carbone. Ces diètes contiennent généralement aussi des substances qui améliorent la santé intestinale telles que, entre autres, des fibres solubles, des omégas-3 ainsi que des antioxydants. De plus, elles sont exemptes de lactose, de colorants artificiels et de préservatifs. 

L’addition de probiotiques au traitement est également bénéfique puisqu’ils servent à réensemencer la flore intestinale en plus du fait qu’ils inhibent les microorganismes pathogènes et qu’ils stimulent le système immunitaire. Ils sont particulièrement recommandés lors de diarrhée aigue ou chronique causée par du parasitisme, des infections bactériennes ou virales, lors du sevrage ainsi que lors de changements de nourriture. Étant donné que dans la plupart des pays, il n’existe aucun contrôle de qualité, il est fortement recommandé d’utiliser les marques dont l’efficacité a été prouvée.

Parmi les autres traitements non-spécifiques, on peut utiliser des protecteurs de muqueuses qui agissent en adsorbant les bactéries et les toxines intestinales, c’est-à-dire qu’ils se fixent à la bactérie dans l’intestin et ainsi l’empêche d’être absorbée. Ces produits ont également un effet anti-inflammatoire. Il y a aussi des modificateurs de motilité qui peuvent être utiles ainsi que de la supplémentation en cobalamine lors de diarrhée chronique du petit intestin.

Dans les cas où le chat mange peu ou pas du tout, qu’il vomit et qu’il est abattu, il aura besoin de traitements qu’on dit de support, c’est-à-dire qu’on peut lui administrer des solutés pour remplacer la grande quantité de liquide et les électrolytes qu’il perd par son tube digestif. Aussi, il pourrait peut-être bénéficier d’antivomitifs et de médicaments pour diminuer l’acidité gastrique ainsi que des analgésiques pour contrer sa douleur abdominale si présente. Bien que les antibiotiques aient souvent été utilisés pour traiter les diarrhées chez les chats, leur utilisation de façon non discriminatoire a contribué au développement de résistances bactériennes ainsi qu’à des altérations de la microflore bactérienne commensale («bonnes bactéries») et, par conséquent, à la détérioration de la diarrhée.

Tel que mentionné préalablement, le diagnostique de diarrhée d’origine bactérienne est très difficile à poser étant donné que plusieurs bactéries sont aussi fréquemment isolées de chats normaux que de chats malades. 

On peut soupçonner que la diarrhée soit causée par Salmonella ou Campylobacter lorsque le chat ou chaton vit en grands groupes, lorsqu’il est nourri avec de la viande crue ainsi que lorsqu’il présente des symptômes de maladie généralisée tels que ceux mentionnés plus haut.