Ver du coeur

Qu'est-ce que c'est?

Dirofilaria immitis adultes dans le coeur d'un animal. La photo est une gracieuseté de Bayer.

Le ver du coeur est un long parasite qui vit principalement dans les artères pulmonaires des canidés, mais aussi dans la partie droite du coeur et dans les veines caves chez les animaux de petite taille ou chez ceux qui sont infectés par un grand nombre de parasites. Son nom scientifique est Dirofilaria immitis.

Il arrive parfois que le parasite migre de façon erratique, sans but, et se retrouve à d’autres endroits tels que dans le tube digestif, où il sera vomi ou excrété avec les selles de l'animal, ainsi que dans les yeux, les bronchioles, les artères cérébrales, le cerveau, la moelle épinière, etc.

Il s'agit d'un parasite que l’on retrouve dans les régions à climat tropical et sous-tropical, y compris le Sud du Québec. 

Le chien est l’hôte principal du parasite, c'est-à-dire l'hôte chez qui le parasite atteint sa maturité, mais ce dernier peut aussi infecter d’autres espèces de canidés sauvages et domestiques tels que les renards, les coyotes et les loups, ceux-ci lui servant de réservoir (source de parasites). 

De plus, le parasite peut infecter des espèces animales qui sont considérées comme des hôtes anormaux ne jouant pas de rôle significatif dans la transmission. Parmi ceux-ci on compte, entre autres, le chat, le castor, le furet, le vison, le raton laveur, l’ours, le cheval ainsi que l’humain.

Les signes cliniques

Les symptômes les plus fréquents :

L'importance des manifestations cliniques d'une infection par le ver du coeur est souvent reliée à la quantité de vers présents. Par exemple, lorsque les chiens hébergent moins de vingt vers, il est probable qu'ils ne développent jamais de symptômes.

Ceux que l'on peut observer incluent de la toux profonde qui apparaît de façon insidieuse et qui empire avec l’exercice, de la fatigue qui apparaît rapidement ainsi qu’une perte de poids malgré le maintien d'un appétit normal.

Le syndrome de la veine cave :

Une autre conséquence reliée à la présence du ver du cœur, observée dans les cas plus sévères, est ce qu'on appelle le syndrome de la veine cave.

Celui-ci est causé par la présence d'un très grand nombre de vers qui obstruent les vaisseaux sanguins et la partie du coeur dans lesquels ils se trouvent, causant ainsi un refoulement du sang vers les organes abdominaux et le thorax.

Il s'ensuit alors de la congestion sanguine dans ceux-ci, notamment dans le foie, pouvant mener à une augmentation de sa taille et de la défaillance hépatique ainsi qu'à une accumulation de liquide dans l’abdomen et/ou dans le thorax. Éventuellement, de l'insuffisance cardiaque peut apparaître.

Hypertension sanguine :

Également, les vers adultes logés dans les artères pulmonaires endommagent celles-ci en causant de l'inflammation qui entraînera l'épaississement de leurs parois et le rétrécissement de leurs diamètrse. Par conséquent, de l’hypertension pulmonaire peut se développer. Ce phénomène étant d’autant plus important en présence d'un grand nombre de vers.

Allergie aux microfilaires :

Certains chiens peuvent même développer une allergie aux microfilaires. En effet, chez les chiens hypersensibles, le système immunitaire produit des cellules inflammatoires qui emprisonnent les microfilaires dans les capillaires pulmonaires, entraînant ainsi une réaction localisée accompagnée d'une relâche de métabolites toxiques en circulation. Cette réaction se manifeste surtout par de la toux chronique et des efforts respiratoires pouvant aller jusqu'à de la détresse respiratoire.

L'hyperréactivité du système immunitaire associée à la présence du ver du coeur peut aussi affecter les reins, cependant ceci mène rarement à de la défaillance rénale.

La fragilisation des globules rouges :

De plus, les globules rouges circulant à travers les vers peuvent eux aussi être endommagés et être détruits soudainement de façon massive. Les signes alors observés consistent en la présence de sang dans l’urine, une faiblesse marquée, une perte d’appétit, de l’anémie, de la jaunisse ainsi qu’une détresse respiratoire. Un choc circulatoire peut s’en suivre.

Le diagnostic

C’est surtout à l’aide de tests sanguins que l’on diagnostique l'infection.

Le premier test, nommé Difil test, consiste à faire passer un échantillon de sang à travers d’un filtre, afin de concentrer les microfilaires, puis de le colorer et l'observer au microscope.

Leur présence confirme que le chien est atteint du ver du cœur. Par contre, on ne peut pas exclure l'infection si on n'en visualise pas.

En effet, il existe des circonstances où des vers adultes sont présents dans le cœur sans qu’il y ait de microfilaires en circulation. On dit alors que l’infection est occulte.

Par exemple, si les vers ne sont pas encore fertiles, comme c'est le cas s’ils sont âgés de moins de 190 jours, s’il n’y a que quelques vers du même sexe, si le système immunitaire du chien a réagit de façon exagérée aux microfilaires et les a tous détruits, ou encore si le chien reçoit de la médication mensuelle préventive qui fait disparaître les microfilaires en trois à huit mois.

Au Québec, la majorité des cas d’infection occulte est due au fait que l’infection est unisexuée, ce qui entraîne une faible charge parasitaire.

L’autre façon de diagnostiquer l'infection est d'avoir recours à des tests sanguins qui détectent la présence de substances antigéniques produites par l’utérus des vers femelles adultes. Inutile donc de préciser qu'en présence de vers mâles uniquement, le test sera négatif. Également, le test sera négatif si l'infection est toute récente parce qu'il doit s'être écoulé cinq mois suite à l'infection pour que le test soit positif.

La radiographie thoracique peut aussi être parfois utile pour mettre en évidence des lésions pulmonaires et cardiaques assez caractéristiques de la condition.

Le traitement

Avant de procéder au traitement, il est important de déterminer si le chien infecté est apte à recevoir le traitement, et ce, afin de minimiser le risque de complications importantes associées à celui-ci. Pour ce faire, il faut effectuer un examen physique complet de l’animal, certains tests complémentaires tels que des radiographies pulmonaires et des analyses sanguines permettant d'évaluer les fonctions rénales et hépatiques, ainsi que des tests sérologiques permettant d’estimer grossièrement la charge parasitaire.

Le premier traitement consiste à injecter à l’animal, à deux reprises, un médicament par voie intramusculaire qui détruira les vers adultes. L’intervalle entre les deux injections variera selon la charge parasitaire présente.

Bien que le médicament est efficace et tue les vers adultes en une à deux semaines, il n’est pas sans risque pour l’animal. Ainsi, à cause de la possibilité de thrombo-embolies pulmonaires, l'animal devra nécessairement être gardé au repos, en cage, pendant 2 semaines. De plus, il ne devra faire aucun exercice violent pendant une période d’un mois.

Lorsque le chien a une forte charge parasitaire, il peut ressentir des effets secondaires, habituellement transitoires, reliés au traitement environ 4 à 8 heures plus tard. Ceux-ci consistent en de la léthargie, une perte d’appétit, de la salivation, de la défécation, des nausées, une pâleur des muqueuses et une augmentation de la fréquence cardiaque.

Chez les chiens que l’on détermine, à l’aide des tests et de l’absence de symptômes, avoir une faible charge parasitaire, on préfère parfois leur administrer plutôt le traitement mensuel préventif pendant une période de douze mois. Ceci aura comme conséquence d’infertiliser les vers mâles et donc d’éliminer progressivement, sur une période de six à neuf mois, la production de microfilaires par les vers femelles. 

Trois à quatre semaines après le traitement qui tue les vers adultes (adulticide), on utilisera un médicament qui tuera les microfilaires (microfilaricide). Trois semaines plus tard, il faudra vérifier l’absence de ces microfilaires. Le traitement pourra être répété jusqu’à deux fois. Après quoi, il faudra vérifier l’efficacité de l’adulticide.

Le cycle du parasite

Le développement du parasite se déroule comme suit : les parasites femelles, logées dans les artères pulmonaires du chien, produisent des larves, nommées microfilaires, qui se disséminent dans son sang.

Lorsqu’un moustique pique un chien infecté, il prélève du sang contenant des microfilaires. À l'intérieur du moustique, les microfilaires continueront leur développement pendant une période variant entre dix jours et un mois, selon la température externe.

Cette phase du développement du parasite dans le moustique est essentielle afin que les microfilaires deviennent infectieux, c'est-à-dire capable d'infecter un autre animal.

Par la suite, lorsque le moustique infecté piquera un autre chien, il déposera à la surface de sa peau une goutte de salive contenant quelques larves du parasite qui pénètreront par la peau et envahiront son organisme.

Pendant une période d’environ quatre mois, les parasites continueront leur développement puis entreront dans une veine et atteindront les artères pulmonaires. Une fois rendus, ils continueront leur croissance jusqu'à atteindre 12 cm chez le mâle et 30 cm chez la femelle.

Environ six mois et demi s'écouleront entre le moment où les parasites infectent l’animal et celui où les vers femelles produisent des microfilaires.

Les vers adultes peuvent vivre jusqu'à quatre ans.

Le dépistage

À chaque année, il est recommandé de faire un test de dépistage afin de détecter les chiens qui sont porteurs du ver du cœur, non seulement pour les traiter afin qu’ils se débarassent de leurs parasites, mais aussi pour qu’ils ne servent pas de réservoir d’infection pour eux-mêmes, les autres animaux et les humains autour d’eux, et pour qu'ils ne souffrent pas de complications, parfois sérieuses, associées au traitement lui-même.

Cependant, même si un animal est placé sur un programme préventif à chaque année, le test de dépistage est important à faire parce qu’il arrive parfois que les propriétaires oublient ou retardent une dose, que le chien rejette le médicament, qu’il y ait eu erreur de dosage chez un chien en croissance, que le médicament ait été mal absorbé par le chien ou que le ver du coeur ait développé une résistance au produit utilisé.

 

La prévention

Il existe différentes médications, vendues sous prescription, qui sont efficaces et sécuritaires pour prévenir l'infection chez les chiens. Elles viennent sous différentes formes : comprimés à croquer, solutions à appliquer sur le dos de l'animal, etc.

Il est recommandé de les administrer mensuellement, entre les mois de juin et de novembre, à chaque année.

N'hésitez pas à demander conseil à l'un des membres de notre équipe qui se fera un plaisir de vous conseiller quant à la médication convenant le mieux à votre chien.

La transmission

L'infection s'acquiert par une piqure de moustique infecté.