Cardiomyopathie hypertrophique

C'est quoi?

La cardiomyopathie hypertrophique (CMH) est une condition cardiaque restrictive rencontrée principalement chez les chats. Elle consiste en une augmentation de l'épaisseur du muscle cardiaque, appelé myocarde, au niveau du ventricule gauche. Il en résulte une diminution de la capacité du cœur à pomper le sang oxygéné dans l'organisme. 

La cause n'est pas toujours connue. Il pourrait y avoir une certaine prédisposition génétique. Dans certains cas un virus pourrait en être à l'origine (panleucopénie) mais le rôle n'en est pas clair. Certaines maladies, comme l'hyperthyroïdisme, peuvent aussi en être la cause par l'action des hormones thyroïdiennes sur le myocarde et la circulation sanguine périphérique. Lors d'hypertension systémique, la pression sanguine étant augmentée à la sortie du ventricule, ce dernier doit travailler plus fort afin d'envoyer le sang dans l'organisme. Il peut alors en résulter un épaississement du myocarde au niveau du ventricule gauche. Des obstructions, comme lors d'une sténose sub-aortique (anneau fibreux rétrécissant l'ouverture de l'aorte) et des maladies infiltratives, telles le lymphome (néoplasie) peuvent aussi être impliquées. Finalement, certaines causes plus rares, tel de l'hypersomatotropisme (acromégalie), sont aussi répertoriées. 

La prévalence de cette condition augmente chez certaines races telles le Maine Coon, les Persans, le Ragdoll et le Americain Shorthair. Les chats atteints ont entre 5 et 7 ans en moyenne et les mâles y sont prédisposés. Elle se trouve à être rare chez le chien. 

La maladie débute par un épaississement de la paroi du ventricule gauche. Ce dernier ne peut se distendre adéquatement lors du remplissage ce qui résulte en une augmentation de la pression à ce niveau. Secondairement, l'oreillette gauche se distendra à son tour ce qui entrainera une augmentation de la pression dans la veine pulmonaire. Par la suite, de l'œdème pulmonaire (liquide dans les poumons) et/ou de l'effusion pleurale (liquide dans la cage thoracique) et de l'ascite (liquide dans l'abdomen) peuvent apparaitre. Cette dernière condition est toutefois plus rare.
 
Il est à noter que cette condition prédispose au thrombo-embolisme aortique (caillot de sang allant obstruer un vaisseau sanguin) dû à la stase du sang dans l'oreillette gauche et peut s’associer à des risques de mort subite.

Les signes cliniques pouvant être observés

Dyspnée (difficultés respiratoires), collapse, mort subite; 
Anorexie; 
Intolérance à l'exercice; 
Vomissements; 
Toux : observée surtout lors de maladies pulmonaires (ex. asthme) donc pas commun pour cette condition. 

L'examen clinique peut révéler des arythmies (rythme cardiaque irrégulier), un souffle cardiaque (bruit anormal entre les battements), des bruits cardiaques diminués et un pouls fémoral plus faible. Une dyspnée superficielle peut être présente s'il y a effusion pleurale et une dyspnée ainsi que des crépitements pulmonaires à l'auscultation s'il y a œdème pulmonaire. Une paralysie aiguë des membres pelviens peut être observée s'il y a un thrombo-embolisme aortique.

Le diagnostic

Le diagnostic se détermine principalement par les changements observés aux radiographies pulmonaires et à l’échographie cardiaque. Par contre, pour les chats asymptomatiques, les radiographies peuvent se révéler normales. Les bilans sanguins sont normaux en général à part lorsque la condition est associée à une autre maladie comme de l’hyperthyroïdisme par exemple. Des tests complémentaires tels l’électrocardiographie et la mesure de la pression sanguine peuvent s’ajouter afin de confirmer le diagnostic. Il existe aussi un test sanguin (pro-bnp) pouvant être utilisé en dépistage ou comme support diagnostic.

Traitements

Selon la condition de l’animal, il peut nécessiter une hospitalisation avec oxygénothérapie s’il y a détresse respiratoire. Il est important de diminuer son niveau de stress au maximum et de le réchauffer au besoin. 

Certaines médications peuvent être débutées afin de diminuer la fréquence cardiaque, le nombre d’arythmies, augmenter la relaxation du ventricule, dilater les vaisseaux sanguins coronaires et inhiber l’agrégation des plaquettes. 
Dans certains cas où la condition est plus avancée, nous pourrons ajouter des médications pour traiter l’œdème pulmonaire, l’effusion pleurale et l’ascite. 

À plus long terme, des suivis seront nécessaires avec une diète réduite en sodium (sel), telle Hill’s Prescription Diet h/d et une diminution de l’activité physique.

La durée de survie et l’évolution de la condition est très variable d’un animal à l’autre et peut parfois être difficile à prévoir : 

Un chat avec absence de signes cliniques peut avoir un temps médian de survie au-delà de 5 ans; 
Chez les jeunes chats mâles et ceux de race Ragdoll ayant une augmentation de l’épaisseur du ventricule gauche, la condition progresse souvent plus rapidement et ils meurent de cette maladie; 
Lorsque la CMH est associée à de l’insuffisance cardiaque sévère, le pronostic est plus sombre à long terme. Le temps médian de survie se situe aux alentours de 3 mois malgré qu’il soit très variable. En effet, certains individus survivront tout de même au-delà de 2 ans; 
Les chats souffrant d’une CMH sévère associée à un thrombo-embolisme aortique survivent rarement plus de 2 mois mais ce temps de survie peut s’étendre jusqu’à 6 mois dans certains cas. 

Si vous croyez que votre animal peut souffrir de cette condition, n’hésitez pas à nous contacter pour prendre rendez-vous. 

 

Références : 
Small Animal Internal Medicine, 3rd ed., W. Nelson, Richard et C. Guillermo Couto, Mosby, 2003, p.122-129. 

Clinical Veterinary Advisor Dogs and Cats, Côté, Étienne, Mosby, 2007, p.554-556. 

The 5-Minute Veterinary Consult, Canine and Feline, 3rd ed., Lippincott Williams & Wilkins, 2004, p. 194-195.