Hyperplasie bénigne de la prostate

Qu'est-ce que l'hyperplasie bénigne de la prostate?

Comme l'humain, les chiens mâles possèdent une prostate. Chez les chiens non castrés, la glande subit l'influence d'un dérivé de la testostérone et augmente de taille entre l'âge de 1 et 5 ans. À partir de 10 à 12 ans, elle commence à diminuer de grosseur.

Le terme hyperplasie bénigne de la prostate représente cette augmentation de taille normale qui n'est pas causée par une tumeur ou une infection.

Les symptômes

La plupart des chiens ne souffrent pas du fait que leur prostate est plus grosse. Pour les autres, on observe le plus souvent des pertes de sang entre les mictions (production d'urine) ou dans leur sperme.

De plus, lorsque la prostate devient très grosse, elle peut comprimer les structures avoisinantes et leur nuire. 

Par exemple, la compression du colon de l'animal peut lui causer de la constipation accompagnée de ténesme (forcer pour déféquer) ou, à l'opposé, de la diarrhée quand la diminution du diamètre du colon est si importante que seul le liquide peut passer.

La compression de l'urètre par la prostate qui l'entoure, quant à elle, peut engendrer de la difficulté à uriner, la production fréquente de très petites quantités d'urine ainsi que du sang dans l'urine.

Dans les cas les plus sévères, l'obstruction de l'urètre peut être complète. Cette obstruction urinaire est très dangereuse pour la vie de l'animal et peut mener à son décès si elle n'est pas soulagée rapidement.

Une très grosse prostate peut également lui causer de l'inconfort abdominal ou nuire à son déplacement en lui occasionnant une démarche raide ou chaloupée, c'est-à-dire que son arrière-train se balance d'un côté à l'autre.

La combinaison des symptômes urinaires, digestifs et locomoteurs est ce que l'on appelle le « syndrome prostatique ».

Finalement, les animaux utilisés pour la reproduction peuvent devenir infertiles.

Le diagnostic

La palpation digitale de la prostate effectuée par un toucher rectal peut révéler l'augmentation de sa taille. Lors d'hyperplasie bénigne, contrairement à lors d'une infection ou d'une tumeur, la glande est habituellement symétrique et non douloureuse.  

On peut parfois observer l'augmentation de sa taille à l'aide de la radiographie abdominale. Cependant, cet examen est peu sensible parce qu'il peut ne pas détecter une légère augmentation de taille de la glande et ne donne pas d'informations sur son architecture.

L'échographie, quant à elle, est plus précise parce qu'elle permet non seulement de mesurer la taille de la prostate, mais également d'évaluer sa forme (symétrie, contour, etc.) et son aspect (uniforme ou non, présence de calcifications ou de cavités, etc.).

La cytologie de la prostate, c'est-à-dire l'analyse des cellules qui la composent, peut confirmer dans 80% des cas l'hyperplasie bénigne en révélant la présence de nombreux neutrophiles (cellules inflammatoires). Cette analyse est généralement effectuée sur le liquide prostatique recueilli en massant la prostate ou prélevé directement dans la glande à l'aide d'une petite aiguille et guidé par l'échographie.

À partir du liquide prostatique, on peut également vérifier le taux de CPSE (Canine Prostatic Specific Esterase). Une augmentation de la quantité de cette protéine peut servir à confirmer la présence d'un problème de la prostate, sans toutefois préciser lequel.

Finalement, pour différencier une simple hyperplasie bénigne d'une infection ou d'une tumeur, on peut avoir recours à une biopsie de la glande.

Le traitement

Le traitement idéal consiste à castrer le chien. Cette procédure réduira la taille de la prostate de 50% en 3 semaines et de 75% en 9 semaines. De plus, les pertes de sang entre les mictions disparaitront généralement en moins d'un mois, souvent même en une semaine. Suite à la chirurgie, la taille de la prostate ne réaugmente pas. 

Des traitements médicaux hormonaux sont aussi disponibles et peuvent être préférés si l'animal est un chien reproducteur ou de travail, ou lorsque l'on veut retarder la castration pour des raisons de santé (mauvais état général, inflammation/infection de l'épidydime qui pourrait nuire à la guérison de la plaie, etc.).

Cependant, leurs résultats sont généralement provisoires et plus lents à obtenir que lorsque la chirurgie est effectuée. De plus, ils peuvent engendrer divers effets secondaires tels qu'une infertilité temporaire ou définitive, une baisse de libido, une altération du sperme, une augmentation de la soif et de la production d'urine ainsi qu'une prise de poids. Une utilisation prolongée de ces médications peut aussi s'avérer coûteuse à long terme.

Le pronostic

Lorsque la condition dure très longtemps, une infection, un abcès ou un kyste peuvent se développer à l'intérieur de la glande et causer des symptômes plus graves.

 

RÉFÉRENCE:

FONTAINE, Emmanuel, m.v., MSc, PhD, Diplomate of the European College of Animal Reproduction, Royal Canin Canada. Cas cliniques de pathologie de la reproduction: Affections prostatiques, testiculaires et du pénis. 2018.