Convulsion

Convulsion chat

Tout comme les humains et les chiens, les chats peuvent souffrir de convulsions. Une convulsion est en fait une décharge électrique dans le cerveau. Il existe différents types de convulsions auxquelles des termes spécifiques ont été assignés. Le terme «épilepsie» est spécifique aux convulsions récidivantes dont l’origine provient du cerveau. Dans le cas «d’épilepsie idiopathique» (rare chez les chats), il n’y a aucun autre symptôme physique ou neurologique à part les convulsions, et aucune lésion cérébrale visible. «L’épilepsie symptomatique» (fréquente chez les chats) survient lorsqu’une lésion de structure identifiable dans le cerveau engendre les convulsions. Avec «l’épilepsie symptomatique probable», on soupçonne la présence d’une lésion sans toutefois être en mesure d’en faire la démonstration. On les nomme «convulsions groupées» lorsque plus qu’une convulsion se produit en moins de 24 heures. On parle de «status epilepticus» lorsque les convulsions se suivent sans interruption ou qu’une série de convulsions se répètent à des intervalles rapprochés sans qu’il y ait récupération complète entre les convulsions.

       Selon le site de l’hyperactivité neuronale, l’apparence clinique de la convulsion va varier. Lorsque l’anomalie affecte une région définie du cerveau, la convulsion sera focale. Quand les deux hémisphères du cerveau sont atteints, la convulsion devient généralisée. Peu importe le type de convulsion, avec l’augmentation de la fréquence des convulsions les dommages aux neurones s’accentuent et, par conséquent, le cerveau devient de plus en plus sensible au déclenchement d’autres convulsions.

      Chez les chats, les convulsions sont le plus fréquemment focales avec ou sans généralisation secondaire. On observe surtout des mouvements des muscles du visage comme par exemple des soubresauts des paupières, des moustaches et des oreilles pouvant être associés ou non à des tremblements corporels, des mouvements unilatéraux des pattes, de la piloérection (poils dressés) ainsi que de la dilatation des pupilles. Le chat peut aussi se mettre à courir partout et entrer en collision avec les objets.

      Dans le cas d’une convulsion généralisée tonique-clonique, l’animal perd conscience et s’effondre, son corps devient raide, les muscles de ses pattes se contractent de façon à entraîner un mouvement de pédalage symétrique et rythmé et il y a une hyperextension de son cou vers son dos. Ceci est souvent accompagné de salivation, de miction et de défécation. Pendant la crise, l’animal peut se mordre la langue et s’arracher les griffes.

     

 Afin d’identifier la cause des convulsions, et de la traiter adéquatement, il est important de d’abord déterminer d’où en est l’origine. Premièrement, on tentera de déterminer si on a affaire à une cause extracrânienne, c’est-à-dire qu’un débalancement dans l’organisme affecte secondairement le cerveau, ou intracrânienne. Parmi les causes extracrâniennes, on retrouve les toxines, de l’hypoglycémie (baisse de sucre dans le sang), de l’hypocalcémie (baisse de calcium dans le sang suite à une excision des glandes thyroïdes par exemple), de l’hypertension ainsi que de l’hépatoencéphalopathie hépatique (maladie du foie). Les causes intracrâniennes, quant à elles, incluent les malformations congénitales (présentes à la naissance), les maladies métaboliques, les tumeurs, les maladies inflammatoires et infectieuses, les traumatismes, les intoxications et les maladies vasculaires.

      L’âge de l’animal à sa première convulsion ainsi que le type et la fréquence constituent les facteurs les plus importants permettant de dresser la liste des causes potentielles. Par exemple, les maladies métaboliques engendrent des convulsions généralisées. La plupart du temps, lors d’ingestion de toxines causant des convulsions, il y a un crescendo d’hyperexcitabilité et de tremblements avant que les convulsions apparaissent et ultimement, l’animal décède. Lorsque les symptômes sont asymétriques (soubresauts des paupières, mouvement des pattes d’un côté surtout, l’animal tourne en rond), ceci indique qu’il y a une lésion focale dans le cerveau. Une surdose d’insuline, une transplantation rénale ou une excision des glandes thyroïdes peuvent causer des convulsions généralisées qui vont se produire peu de temps après l’évènement. Un comportement anormal durant les jours/semaines précédant une convulsion indique qu’il y a une lésion de structure du cerveau. Finalement, lorsqu’il y a présence simultanée de symptômes respiratoires, gastrointestinaux ou autres, cela implique qu’il y a une maladie généralisée.

      Afin d’en arriver à un diagnostique précis, on procédera d’abord à un examen physique et neurologique de l’animal. Ensuite, un bilan sanguin ainsi que d’autres tests de laboratoire plus spécifiques seront indiqués dans le but d’identifier certaines anomalies. Par exemple, chez un animal souffrant de «polycythémie vera», on observera une augmentation importante de sa concentration de globules rouges dans le sang. Dans le cas d’une surdose d’insuline, le niveau de glucose sanguin sera très bas. Lorsque l’animal vient de subir une excision de ses glandes thyroïdes, on peut observer que le niveau de calcium sanguin est très bas. Lorsque les enzymes rénales sont élevées et que la concentration de l’urine est basse, on peut soupçonner que de l’insuffisance rénale est à l’origine des convulsions. Dans le cas d’hépatoencéphalopathie hépatique, le niveau des sels biliaires est anormalement élevé. L’analyse du liquide céphalorachidien, quant à lui, permet parfois d’identifier un microorganisme spécifique.

       L’imagerie médicale est souvent nécessaire pour arriver à un diagnostique spécifique. En effet, les radiographies thoraciques et l’échographie abdominale sont utiles pour évaluer une pathologie pulmonaire ou identifier une tumeur abdominale respectivement. La résonnance magnétique demeure souvent la méthode diagnostique par excellence permettant de définir la location, l’étendue et la nature d’une lésion.
Le type et la fréquence des convulsions vont déterminer l’approche thérapeutique. Lorsque l’état général du chat est normal entre les convulsions et que plus de 6-8 semaines s’écoulent entre celles-ci, normalement l’animal ne requière pas de traitement. Lorsque l’intervalle entre chaque convulsion est moins long, le 1e choix de médication anticonvulsivante est le phénobarbital par voie orale à raison de deux fois par jour. Parmi ses effets secondaires, on peut observer de la sédation ainsi qu’une augmentation de la faim, de la soif et de la production d’urine. La sédation est souvent moins importante après quelques semaines de traitement.
Dans les cas de convulsions groupées ou de status epilepticus, il peut être préférable d’hospitaliser l’animal afin qu’il soit sous supervision constante et qu’il recoive des fluides et de la médication par voie intraveineuse. En effet, il est très important de traiter ces types de convulsions rapidement et agressivement parce que, tel que déjà mentionné précédemment, plus le nombre de convulsions est élevé, plus le cerveau est sensibilisé au déclenchement d’autres convulsions.

      Au moment de la présentation, si l’animal n’est pas déjà traité pour ses convulsions et que la convulsion est terminée, on peut lui donner une grosse dose de phénobarbital par voie intraveineuse (dans le but d’atteindre rapidement un niveau thérapeutique de la drogue dans le sang) suivi de la dose de maintien par voie orale deux fois par jour à long terme. Lorsque la convulsion se poursuit au moment de la présentation, on lui administrera une dose de valium par voie intraveineuse que l’on pourra répéter 5 minutes plus tard au besoin. Étant donné que l’effet du valium est de courte durée, on devra avoir recours à une autre méthode thérapeutique pour prolonger l’effet anticonvulsivant. On peut lui administrer une infusion constante de valium pendant quelques heures ou une grosse dose de phénobarbital par voie intraveineuse suivi de la dose de maintien. Si la convulsion persiste malgré tout, on lui administrera du propofol (agent d’induction anesthésique) par voie intraveineuse.
Deux semaines après l’initiation du traitement, il faudra mesurer le niveau de phénobarbital présent dans le sang du chat et répéter la procédure 2 semaines après chaque changement de dose et ce, jusqu’à ce que le niveau thérapeutique sanguin soit atteint. Il est recommandé de vérifier le niveau de globules blancs et de plaquettes sanguines 4-6 semaines après le début du traitement au phénobarbital parce que certains animaux ont des réactions d’hypersensibilité se traduisant par une baisse des globules blancs et des plaquettes, des démangeaisons et de l’enflure des pieds. Les bilans sanguins devront être évalués de nouveau aux 6-12 mois afin de détecter toute anomalie aux organes internes. Si du valium a été utilisé, il est préférable de mesurer les enzymes du foie moins de 5-7 jours après le traitement puisque ce médicament peut causer une nécrose hépatique aigue.

      Lorsqu’un animal souffrant d’épilepsie symptomatique s’est remis de sa maladie primaire et qu’il n’a eu aucune convulsion pendant 6 mois alors on peut tenter de le sevrer progressivement de la médication sur une période de 6 mois également. Dans le cas d’épilepsie idiopathique, l’animal aura besoin de médication à vie. Il existe également des drogues alternatives au phénobarbital qui pourront être ajoutées si le phénobarbital seul ne suffit pas à maintenir la fréquence des convulsions à moins d’une par 6-8 semaines malgré un niveau thérapeutique optimal. Ces drogues sont parfois utilisées seules. Le pronostique dépend de la cause sous-jacente et de la réponse au traitement.


RÉFÉRENCE :
L.P. Tilley et F.W.K. Smith Jr. Seizures (Convulsions, Status Epilepticus). Blackwell’s Five Minutes Veterinary Consult : Canine and Feline. 5e édition, 2011. John Wiley and Sons, Inc. p. 1133-1134.